Notre collègue et ami Guy Berger nous a quitté·es lundi 12 juin dernier – jour de la saint Guy.
Guy Berger, professeur en sciences de l’éducation – et professeur émérite depuis 1998 – à l’université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis, a passé presque toute sa carrière d’enseignant-chercheur au sein de cette université.
Il a d’abord participé très activement à sa création à Vincennes à partir des années 1968, aux côtés d’Hélène Cixous notamment, qui a également tenu une place majeure dans ce projet. Après avoir été professeur de lycée, puis assistant à la Sorbonne en psychologie de l’enfant, il a été membre du Comité d’action pour l’innovation et la recherche en éducation (Caire). C’est dans ce cadre que Michel Debeauvais lui a parlé de la création d’une nouvelle université, à laquelle il a très rapidement fait le choix de s’intégrer. Il a participé au « groupe cooptant », constitué d’un noyau de vingt à vingt-six personnes, qui allait fonder Vincennes.
Fort de sa connaissance de l’histoire de l’université de Vincennes, il a participé à l’écriture d’un ouvrage collectif, avec Maurice Courtois et Colette Perrigault, intitulé Folies et raisons d’une université : Paris 8. De Vincennes à Saint-Denis, publié aux Éditions Petra en 2015.
À l’université Paris 8 Vincennes, implantée à Saint-Denis depuis 1980, Guy Berger a occupé plusieurs fonctions en plus de celles de directeur de département et directeur d’UFR. Il a coanimé plusieurs commissions pédagogiques et s’est également présenté à la présidence de l’université. Nous ne pouvons citer tous ses engagements dans l’université, mais aussi en dehors, dans diverses associations, revues, mouvements d’éducation populaire, collèges coopératifs dont celui de Paris, ou encore au Clept (Collège-lycée élitaire pour tous) de Grenoble, une école pour « les décrochés et les décrocheurs » qu’il a accompagnée pendant plusieurs années aux côtés de son fondateur, Bernard Gerbe.
Guy Berger a également participé à de nombreux projets éducatifs et de recherche en France, dans les DOM-TOM et dans de nombreux pays – en Afrique et à l’île de La Réunion notamment, avec son ami Raoul Lucas. Devenu professeur émérite, il s’est impliqué dans l’histoire de l’Université Catholique de Paris, aux côtés d’Augustin Mutuale, en aidant l’institution dans la réalisation de son projet d’enseignement, de formation, d’expertise et de recherche sur la communauté « Éducative inclusive » notamment. Il a également participé à la Chaire de l’Unesco en formation professionnelle aux côtés de Jean-Marie Barbier et d’Augustin Mutuale.
Il est difficile, et sans doute vain, de dresser une liste exhaustive de toutes les responsabilités et activités que Guy Berger a réalisées au cours de sa carrière professionnelle dans le champ de l’éducation et de la formation. Parmi celles qu’il menait encore au jour de son départ : président de l’Association francophone internationale de recherche scientifique en éducation, rédacteur en chef de L’Année de la recherche en sciences de l’éducation (depuis 2002), membre du comité de rédaction de la revue Pratiques de formation/Analyses de l’université Paris 8 (de 1981 à 2013) que Françoise F. Laot et Martine Morisse ont relancé en 2021, en le sollicitant pour rejoindre le comité scientifique.
Guy Berger aura marqué le parcours et la formation de très nombreux et nombreuses étudiant·es en sciences de l’éducation à Paris 8, à Vincennes et à Saint-Denis – dont Martine Morisse fait partie puisqu’il fut le directeur de sa thèse de doctorat. Si Guy Berger était plutôt un homme « de l’oral » que de l’écrit, il a néanmoins participé à la rédaction de nombreuses publications, avec des ami·es et complices de longue date, comme Jacques Ardoino qui a marqué avec lui l’histoire des sciences de l’éducation de l’université Paris 8. L’un de ses derniers ouvrages, rédigé avec Augustin Mutuale et publié aux éditions ESF Sciences humaines en 2021, s’intitule S’engager dans la recherche en sciences humaines et sociales. Le champ de l’éducation.
Guy Berger va nous manquer, c’est certain. Toutefois, il a été d’une telle fécondité que nous allons lui rendre hommage au quotidien en poursuivant notre chemin d’engagement dans l’espace public et en continuant à travailler sur des questions fondamentales et actuelles. En toute occasion et avec beaucoup de modestie, il a toujours su provoquer la réflexion et l’engagement, en proposant une analyse éclairée, en reliant sans cesse réflexions et actions. Comme il avait si bien su le souligner dans l’ouvrage Conversations sur l’éducation1 :
Seules demeurent, entières et fragiles, quelques pensées, et durent les combats que ces pensées exigent.
Alors, continuons.