L’éducation sentimentale par la topique des messageries des réseaux sociaux, ou un apprentissage habité d’hallucinations écrites

  • Sentimental Education through Social Network Messaging, or Learning through Written Hallucinations

Abstracts

L’autrice, qui se positionne en tant que sujet-chercheuse actrice et témoin de son enquête, questionne le discours sentimental qui se produit sur les messageries des réseaux sociaux, et ses effets en termes d’apprentissages de soi et de l’autre tout au long de la vie. Elle apporte une approche innovante qui permet de décaler le regard sur notre perception de ces échanges épistolaires virtuels en analysant de quelles façons les sujets s’éduquent sentimentalement sur les réseaux sociaux et avec quelles inférences et incorporations culturelles, quels objectifs conscientisés ou non comme une expérience de réenchantement de l’existence face au désenchantement du monde. Elle introduit le concept d’hallucination écrite en s’appuyant sur celui de l’hallucination verbale qui laisse la porte ouverte à la possibilité d’une association du sujet à l’élaboration de sa signification.

As a research subject, the author is both an actor and a witness to her investigation. Her investigation examines the sentimental discourse of social media messaging, and its impact on lifelong learning about the self and the other. This innovative study shifts the way we perceive these virtual epistolary exchanges. She examines the ways in which individuals become sentimentally educated on social networks. And with what cultural inferences and incorporations, what conscious or unconscious objectives as an experience of re-enchantment of existence in the face of the disenchantment of the world. Based on the concept of verbal hallucination, she introduces the concept of written hallucination. It leaves the door open to the possibility of involving the person in the elaboration of his or her meaning.

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Pour la rédaction de mon mémoire en deuxième année de master, je me suis intéressée, au travers de l’apprentissage d’un métier lié au numérique, à la transformation de soi et aux dispositions à se reconvertir. C’est ainsi que j’ai souhaité contribuer à la revue Pratiques de formation/Analyses en proposant un article en lien avec l’environnement numérique et les réseaux sociaux. Ma curiosité de sujet-chercheuse s’est portée sur le discours sentimental qui s’y produit et dont j’ai souhaité étudier les effets en termes d’apprentissages de soi et de l’autre tout au long de la vie.

Explorons un apprentissage du sentimental tout au long de la vie hors institutions d’éducation et de formation, mais au travers des échanges sur des messageries de réseaux sociaux, ces lettres virtuelles qui libèrent de l’action. Aujourd’hui, on ne s’écrit plus, on ne dévoile plus ses sentiments et on n’exprime plus sa ferveur et sa fougue par des lettres d’amour postales, mais avec des mails ou des textos sur WhatsApp ou Messenger. Le dialogue amoureux existe toujours, mais il se matérialise par de nouvelles formes d’échanges. L’éducation sentimentale s’initie dès l’adolescence avec l’usage des réseaux sociaux où l’utilisateur·trice découvre ses premiers émois sentimentaux. Ce dialogue amoureux via Internet se développe de plus en plus avec la rapidité, la simultanéité et l’instantanéité des échanges, il peut même devenir addictif pour les sujets aimant/aimé. Il y a donc un nouveau lieu, une nouvelle topique où se forme une éducation sentimentale, Internet, qui comporte un discours et des allées et venues, comme autrefois le code d’amour courtois ou la carte du Tendre servaient de guide de pratique amoureuse. Ici, ce sont des fragments, des dialogues étincelants, bouleversants, des vertiges : le sujet amoureux éprouve une « sensation actuellement perçue, alors que nul objet propre à exciter cette sensation n’est à portée de sens1 », en effet le sujet écrit sur sa messagerie à la personne convoitée/aimée qui est à distance. « L’amoureux parle par paquets de phrases, c’est un discours horizontal2. » Ce que fait entendre la personne amoureuse au travers de ses écrits est intemporel, universel, l’emploi des mots, le langage, ses thématiques, le discours amoureux, ses figures car « il se dépense comme un athlète3 », ces scènes de langage mémorables sont en proie à des sentiments connus, appris, appropriés, incorporés. Ceux-ci naissent de l’imaginaire, du désir, de la langueur, de l’angoisse, des souvenirs, de l’expérience des autres et de son partage. Lorsque le sujet amoureux relit ses messages, il apparaît, sous ses yeux, sur l’écran de son ordinateur, de sa tablette ou de son smartphone, des fragments de son discours amoureux où il ne cesse d’entreprendre de nouvelles démarches et d’intriguer : il y a du suspens, des phrases tronquées ou qui restent suspendues sans réponse. Le sujet aimé peut à tout moment cesser ces échanges, bloquer – signaler même – le sujet amoureux un peu trop obsessionnel. Soulignons aussi l’apprentissage de l’échec, à l’instar du personnage de Flaubert, Frédéric Moreau qui tire un bilan désenchanté de son éducation sentimentale avec son ami Deslauriers4. Il arrive que ça ne marche pas, que ça ne matche pas. Il faut apprendre à maîtriser le code, celui du langage sur Internet, pour séduire, apprendre à alimenter, tenir la conversation à distance, c’est un jeu d’équilibriste, parfois les personnes ne se rencontreront jamais, parfois la rencontre a lieu, elle déçoit ou, au contraire, c’est la surprise, l’étonnement de la naissance de la relation amoureuse dans le réel, in real life !

J’ai réalisé mon enquête progressivement et temporellement, en situation, sans me référer à des règles ou modèles5. Actrice et témoin de mon enquête, je l’ai conduite en « l’improvisant au quotidien, aveugle des préjugés, des hiérarchies, des choix, des décisions qu’elle favorise6 ». En analysant les échanges écrits avec les sujets avec lesquels j’interagis, je me suis aperçue que nous écrivons des phrases auxquelles se superposent des figures comme autant de voix intérieures. Cela m’a amenée à m’intéresser au concept de l’hallucination et à proposer le concept d’hallucinations écrites.

Pour collecter des informations, j’ai réalisé deux entretiens semi-directifs, l’un avec un jeune homme qui est le fils d’un couple d’amis, âgé de vingt ans, employé dans la grande distribution et résidant en Picardie, l’autre avec ma fille, âgée de quatorze ans, collégienne qui réside en région parisienne. Pour ces deux sujets, j’ai orienté mon questionnement sur la relation sentimentale au travers des échanges sur les messageries qu’ils utilisent, Whatsapp pour le premier et Instagram pour la seconde. J’ai aussi investigué mes échanges personnels menés via Messenger et j’ai sondé un petit groupe de neuf personnes de mon entourage amical, femmes et hommes âgées de trente-huit à cinquante-sept ans qui travaillent dans le secteur tertiaire. Je suis partie du postulat que des individus de cette tranche d’âge ont moins incorporé le langage sur Internet composé d’abréviations et ont une plus grande appétence pour la rédaction, le déroulement de leurs pensées et émotions, puisque ce sont bien les mots, le discours et le mécanisme par lequel se révèlent des figures du sentiment amoureux qui favorisent un apprentissage et constituent mon sujet d’enquête. Ces deux panels m’ont permis de porter un regard sur une plus large tranche d’âge de quatorze à cinquante-sept ans et d’analyser ce qui est mis en œuvre en fonction de l’expérience vécue. Les sujets ont été rendus anonymes et les prénoms modifiés afin de garantir la relation de confiance et de confidentialité établie entre nous à la faveur de leur intimité se dévoilant à la lecture des échanges.

Les utilisateur·rices des messageries sociales interagissent par écrit favorisant l’apparition de pensées matrices des figures en lien avec le discours amoureux sur la toile. Je me suis intéressée à nos conversations entre ami·es qui, comme par enchantement, comme en proie à un sortilège ou encore emportés par l’ivresse de la discussion se déplacent vers un discours sentimental où se jouent des rapports de séduction et d’apprentissage de la relation amoureuse. Je me suis demandée si dans ces échanges, on pourrait partir du postulat de l’existence d’une hallucination écrite à l’instar du processus de l’hallucination verbale partant de l’hypothèse que l’éducation sentimentale à travers les échanges sur les messageries des réseaux sociaux est un apprentissage habité d’hallucinations écrites. Dans ces discussions, les sujets échangent par écrit, ils posent leurs pensées par écrit et se lisent et se relisent en même temps. L’hallucination écrite est l’émoi de la figure non écrite qui s’exprime au travers de ces phrases rédigées et échangées entre les sujets.

Des hallucinations dans le discours verbal des amoureux à des hallucinations écrites sur les messageries des réseaux sociaux

La lecture de l’essai Fragments d’un discours amoureux de l’écrivain et sémiologue Roland Barthes m’a particulièrement habitée et questionnée, il me semblait très original de s’appuyer sur des lectures d’œuvres littéraires, poétiques ou théâtrales pour former un discours théorique sur le sentiment amoureux et les émotions qui traversent le sujet amoureux. Je me suis interrogée sur ce qui court dans la tête de la personne amoureuse et, plus précisément, sur le discours amoureux dans notre société contemporaine : où se tient-il ?, comment est-il verbalisé ?, avec quels mots, quelles métaphores et quelles scènes de langage ? Barthes écrit que le sujet cherche sa place au niveau de la phrase mais qu’il ne la trouve pas parce que la syntaxe est folle, elle n’est qu’une construction en suspension parce qu’elle n’exprime pas matériellement la figure qui en découle. Par exemple, ce qui importe n’est pas ce que ressasse dans sa tête le sujet amoureux qui attend l’objet aimé en retard à un rendez-vous – « il/elle sait pourtant… il/elle aurait pu… » – mais ce que cela articule : l’émoi de la figure de l’attente amoureuse. La question de la figure amène Barthes à formuler qu’« au fond de la figure, il y a quelque chose de l’“hallucination verbale” (Freud, Lacan)7 ». En fonction d’un hasard ou d’un incident intérieur ou extérieur, elle surgit dans la tête du sujet amoureux pour répondre aux besoins, aux injonctions ou aux plaisirs de son imaginaire. Selon la psychiatre-psychanalyste Monique Lauret, l’hallucination verbale surgit dans le monde extérieur et s’impose comme perception située dans le réel8. Jacques Lacan explique, dans Le Séminaire, que « ce qui signe l’hallucination, c’est ce sentiment particulier du sujet, à la limite du sentiment de réalité et du sentiment d’irréalité, sentiment de proche naissance, de nouveauté, et pas n’importe laquelle, de nouveauté à son usage faisant irruption dans le monde extérieur9 ». L’hallucination perturbe la réalité du sujet qui y reste attaché par une fixation érotique. Freud écrit, dans « Sur les psychonévroses de défense » : « L’hallucination mnésique paranoïaque subit une déformation comme celle de la névrose obsessionnelle ; une image moderne analogue vient à la place de l’image refoulée », il se produit « une censure qui mène au remplacement par d’autres pensées associées »10. L’hallucination est à la fois un trouble du langage et de la voix où du psychique devient conscient comme s’il était perçu11. Quand un sujet parle, il s’entend en même temps qu’il parle, « dans l’hallucination verbale, il s’agit d’autre chose que ce qui est enregistré acoustiquement, une phrase vivante car elle a une signification et que le sujet est à l’écoute, à la recherche de cette signification12 ». L’hallucination verbale est une création du sujet qui n’existe que par et pour lui-même et fait qu’il entend un autre dans son discours intérieur.

Élise : – Pas de nouvelle. Bonne nouvelle. Adieu.
Vous avez envoyé : – Qu’est ce qui t’arrive !
Élise : – Tu n’as pas répondu à mes messages !
Vous avez envoyé : – J’allais te répondre ce soir. Je travaille !
Élise : – Ça t’empêche pas de me répondre, j’ai vu que tu étais en ligne !

C’est ainsi que la relation sentimentale et épistolaire via la messagerie Whatsapp entre Élise et Thomas, respectivement âgés de dix-huit et vingt ans, a pris fin. Rapide, efficace, implacable d’autant plus qu’Élise a pris soin de bloquer Thomas afin qu’il ne puisse plus lui envoyer de message. « J’étais abasourdi, peut-être que finalement je ne l’intéressais pas et elle a utilisé ce motif pour rompre », me confie Thomas, « on se parlait depuis quelques semaines, je lui répondais toujours et rapidement mais là j’étais pris par mon travail, je n’avais pas le temps de me poser pour lui écrire, elle aurait dû comprendre, la rupture, je ne m’y attendais pas, la veille, nous avions convenu de nous voir le week-end prochain ».

« Cela ne peut continuer ainsi13 » et c’est la fin de l’hallucination, de la croyance que l’on pouvait se sentir amoureux et confiant sans se rencontrer, sans ressentir ni avoir vu ce qu’il y a sous la peau de l’autre comme les danseurs qui « connaissent cette règle immuable de leur art, c’est l’intérieur qu’on voit bouger sur la peau pas le contraire14 », mais en l’ayant imaginé et fantasmé. Le langage de l’amour tente d’écrire une histoire, un moment, les mots peuvent devenir froids et le sujet qui a crû être aimé peut s’assimiler à ces « appareils jetables à programmation courte » que l’on « prend on jette »15. La relation sentimentale, sur les messageries sociales, s’arrête ou se poursuit comme dans la vie réelle, la différence est que, sur Internet, au-delà de nos mémoires humaines, toute la correspondance restera, preuve de l’existence immatérielle et archive du cœur stockée dans une base de données, un data center quelque part loin de moi, de lui, d’elle, du Nous amoureux.

Dans cet espace, particulier du réseau social et de ses messageries se nouent des relations singulières, puissantes, artificielles, violentes, sentimentales, sensorielles où s’entremêlent et s’entrechoquent des mots. Ces mots sortent du langage verbal et tentent d’extérioriser l’intériorité, de la demande d’amour à distance pour sortir de son isolement ou sortir de l’ordinaire. Cette demande d’amour opère des variations et se mue parfois en la figure de la demande de chair :

Serge : – Ce soir envoie-moi une photo volée…

Serge me demande une photo volée, je sais intuitivement qu’il attend une photo de tout ou partie de mon corps dénudé. Plus tard, Serge m’explique que me demander de lui envoyer une photo volée, c’est comme me demander un baiser volé. Quelle figure de la photo volée court dans la tête de Serge ? Celle du baiser volé qui revêt plusieurs significations, tels que l’acte d’embrasser quelqu’un généralement sur la bouche sans son consentement ou encore un cadeau surprise offert sans attente de retour. Cependant, Serge est cinéphile, il ajoute que, lorsqu’il prononce ou écrit cette phrase, il ne peut s’empêcher de se référer (de penser en même temps) à la figure du film Baisers volés réalisé par François Truffaut et troisième volet des aventures du personnage Antoine Doinel. Il s’agit d’une inférence et c’est intéressant car, lorsqu’il écrit « ce soir envoie-moi une photo volée », il pense sans l’anticiper et sans l’avoir analysé au titre, à des répliques (qu’il entend dans sa tête) et à des images du film de François Truffaut. En effet, les images de l’amour surplombent notre société, il en résulte que mes désirs, mes attentes, mes postures sont influencées et déterminées par mes dispositions et références familiales, culturelles, sociales, sociétales. L’éducation sentimentale au travers des échanges sur les réseaux sociaux se nourrit ainsi de ces références.

Une éducation sentimentale au travers d’hallucinations écrites sur les messageries des réseaux sociaux

L’apprentissage tout au long de la vie se fonde sur l’expérience, or trois éléments distincts de l’expérience fondent la « raison » : la détermination, l’existence humaine et le sens16. La rencontre amoureuse fait partie de la phénoménologie des rendez-vous ordinaires de l’existence avec les naissances et les deuils. L’hallucination bouleverse le sujet car il s’agit d’un phénomène contraire à l’ordre des déterminations et déconnecté de sens. Son étrangeté la rend « propre à nommer la folie […] maladie isolant radicalement celui qui en est affecté de l’ordinaire de la condition humaine. La définition psychiatrique devenue classique de l’hallucination comme “perception sans objet” a été fixée en 1850 par Jean-Pierre Falret17 ». La conception lacanienne de l’hallucination verbale laisse la porte ouverte à la possibilité d’une association du sujet à l’élaboration de sa signification. Le sujet halluciné de ses voix n’en serait pas leur victime passive car elles prendraient leur origine là où siège le désir et la responsabilité du sujet. Le sujet halluciné entend donc « son propre message […] sa propre parole18 ».

Toutes les figures sont possibles sur la messagerie, tout est possible – le merveilleux, le jeu de rôle, le masque, le miroir, l’illusion et la chute, car cet environnement reste fragile : à la moindre tension, la relation peut s’interrompre si les forces de l’amour ne sont pas installées.

Parce qu’elle fait naître des sensations, des croyances, de la magie, des interprétations à partir de traces écrites dont l’auteur·rice n’est pas à portée de sens, l’analyse de l’hallucination écrite est source d’apprentissage pour les sujets. Le sujet écrit des messages à un autre, imagine et vit dans sa tête les émotions que ses phrases produiront sur son destinataire. Ces phrases écrites tentent d’exprimer l’affect, elles s’arrêtent et attendent une réponse, Barthes évoque la structure linguistique folle, pas les mots, le sujet cherche sa place au niveau de la phrase – et ne la trouve pas – ou trouve une place fausse qui lui est imposée par la langue. « L’amoureux puise dans la réserve des figures, selon les besoins, les injonctions ou les plaisirs de son imaginaire19. » Cela peut mener aux quiproquos, à l’incompréhension, à la jalousie, à la querelle, le sujet qui écrit et attend une réponse de l’autre s’imagine ce que ce dernier pense et a pensé de ses missives virtuelles. La figure non écrite de l’attente engendre des émois tels que l’inquiétude, l’incertitude, l’angoisse.

Amine et Xanaé expliquent que ces situations vécues leur permettent de se frotter aux mots de l’autre mais aussi à son silence. Cette expérience transforme et oblige à apprendre de soi dans la relation à l’autre. En effet, elle permet de comprendre et d’apprendre quels sont mes besoins et mes limites dans une relation dont les échanges se situent sur une messagerie d’un réseau social. Les messageries sociales figent, tracent, archivent un florilège de phrases écrites cacophoniques, musique de l’amour silencieuse que l’on peut entendre à l’instar des travaux de Tina M. Campt20 qui écrit que pour écouter une « photographie silencieuse » il faut être attentif aux relations tacites qui la structurent. La nature des fréquences sonores est telle qu’il est possible de ressentir un son alors même qu’on ne l’entend pas. Ici, seule, face à l’écran de mon smartphone, s’ouvre Messenger et les mots d’un homme avec lequel je corresponds et je peux affirmer que j’hallucine, il s’agit d’une hallucination écrite qui correspond à ce que les mots lus et écrits produisent en moi, en faisant appel à ma mémoire sensorielle et affective. Mémoire qui se rapporte à la scène du moment de l’amour21 transposée à la messagerie où les images peuplées de mots du langage fou désordonné convoquent les sens, des sensations vécues et imaginées. Images qui se bousculent dans notre tête et nous remuent intérieurement, produisent des manifestations émotionnelles (je pleure, je ris, je suis excitée, je sens tes mains sur moi, je sens tes baisers sur ma bouche) aussi « parce que nous sommes surdéterminés par l’amour courtois, l’amour romantique, l’amour au cinéma ». Le moment de l’amour sur la messagerie instantanée où je prends des risques, où je m’expose, où je dis, où je parle, où je ressens, où j’envoie des mots, des images dans lesquels je partage mon intime parce que j’ai la passion du risque22 en effet mon interlocuteur, mon interlocutrice, celui ou celle qui reçoit mes messages, je ne sais pas vraiment qui est cette personne, que va-t-elle faire de mes écrits, que fait-elle en réalité derrière son écran parce que je ne la vois pas. « Ce moment de l’amour est constitutif de la personnalité tout en étant aussi social, sociétal, groupal du fait de la communauté de référence. »

Frédéric : – Je n’ai pas peur que vous soyez amoureuse de moi. Vous êtes ma magicienne, notre relation doit être respectueuse mais nous ne nous devons rien, il ne doit y avoir que des moments de joie et de grâce.

Je lis et j’entends une voix intérieure qui me dit : je t’aime. C’est ce que je désire et le message que je veux entendre. Qu’est ce qui me pousse à croire que Frédéric m’aime alors que les indices qui permettent de comprendre que tout cela n’est qu’une illusion sont visibles à la lecture de son message ? Il suffit pourtant de lire et de repérer le champ lexical, analysons ce que dit Frédéric. Je peux être amoureuse de lui sans qu’il n’ait besoin de l’être en retour, de plus, je ne suis pas réelle, je suis sa magicienne. Il me met à distance tout en m’octroyant des pouvoirs surnaturels qui lui procurent la joie, la grâce dont il a besoin dans une relation. Il n’y a rien de plus, on se respecte mais on ne se doit rien, qu’est-ce que cela signifie ? Ne rien se devoir. Cette phrase me heurte. Elle signifie que lui comme moi, nous sommes libres. On ne se doit rien, nous ne sommes pas obligés l’un envers l’autre. Est-ce que les sentiments obligent ? Si j’ai des sentiments, de l’attachement envers une personne, je ressens le devoir de ne pas nuire, de ne pas blesser, de ne pas trahir l’autre. Il précise que la relation doit être respectueuse, ce qui signifie qu’on n’humilie pas, qu’on ne salit pas, qu’on s’efforce de ne pas l’abîmer, il y a tout de même quelque chose de clinique dans sa formulation. C’est ce que j’entends et crois lire désormais mais lui, Frédéric, que dirait-il ? Il dirait que je ne suis pas son analyste, que je n’ai pas à inférer sur sa pensée, qu’il serait heureux que je sois amoureuse de lui et qu’il me respecte, que nous ne sommes pas redevables l’un envers l’autre de quoi que ce soit. C’est ce qui fait que notre relation est saine et équilibrée et puis que d’une certaine façon, pudique, il m’aime comme une magicienne qui enchante son existence, bien qu’à aucun moment je ne me sois présentée comme une magicienne ni même que j’aie pu écrire ou faire allusion à un terme du même champ lexical. Enchanter l’existence, croire en autre chose que la réalité : l’hallucination n’entraîne pas nécessairement une croyance de la même nature que celle en la réalité. Ici le sujet halluciné cherche à s’abstraire de la réalité, de l’ordre établi et à s’enchanter de ce qu’il invente lui-même et découle de son propre désir, de sa propre responsabilité. Il recherche l’amour au travers de l’enchantement pour rester vivant à l’instar du discours de Phèdre dans le Banquet de Platon qui exprime que le principe qui doit inspirer les hommes qui cherchent à vivre comme il faut, c’est l’amour23. De plus, derrière le signifiant « magicienne » se cache le désir de croire en la magie, en un possible enchantement de son existence face au « désenchantement du monde » environnant qui mène à l’élimination des ressorts magiques. Max Weber a fondé le concept de « désenchantement du monde » sur sa réflexion autour du « processus de rationalisation » mis en place par le capitalisme moderne. Le sociologue appelle « cage de fer » ce que ressentent les individus lorsqu’ils sont oppressés ou paralysés par un système basé sur le calcul et le contrôle. Le désenchantement du monde résulte des avancées de la science qui évacue toute dimension surnaturelle et atrophie la place de l’imagination. Selon Catherine Colliot-Thélène, « le désenchantement du monde, n’est pas seulement la négation de l’interférence du surnaturel dans l’ici-bas, mais aussi : la vacance du sens24 ».

Échanger à distance, parler et écrire à la fois, se laisser guider par le plaisir de l’écriture permet de libérer l’imaginaire par les représentations et interprétations qu’il suscite. Cela permet également de se laisser aller à des rêveries, à des fantasmes que l’on n’avouera pas à haute voix. De se livrer à la pulsion scopique de lire et relire des mots échangés, de voir et revoir des images envoyées par la personne convoitée/aimée qui permettent de se la représenter réellement, d’avoir l’impression d’être dans le réel. Ce qui explique que, lorsque nous échangeons sur des messageries sociales où se joue un rapport au virtuel, nous tentons de réenchanter notre quotidien et notre relation à l’Autre car ici tout ou presque est autorisé.

Reprenons un extrait d’un poème d’Arthur Rimbaud25 qui met en exergue la force créatrice comme transformation de la réalité en fiction poétique par le biais de l’hallucination : « Je m’habituais à l’hallucination simple : je voyais très franchement une mosquée à la place d’une usine, une école de tambours faite par des anges, des calèches sur les routes du ciel, un salon au fond d’un lac ; les monstres, les mystères ; un titre de vaudeville dressait des épouvantes devant moi. Puis j’expliquai mes sophismes magiques avec l’hallucination des mots ! »

Ces échanges situés qui durent, qui s’inscrivent dans une continuité, un rituel enchanté amènent de l’évasion, une transformation de la réalité, un théâtre des opérations sentimentales où s’affolent les mots et les sens ce qui fait réfléchir à la construction de notre rapport sentimental à l’autre.

Mathieu : – Votre caresse ou étreinte préférée ?
Xanaé : – Je vous laisse le soin de le découvrir... Qu’aimeriez-vous me faire ?
Mathieu : – Mes fantasmes sont ordinaires. Tu veux savoir ?
Xanaé : – Oui et en même temps je préférerais le doute, le mystère... As-tu réalisé tous ces fantasmes ?
Mathieu : – Cela dépend desquels.
Xanaé : – Sont-ils réalisables ?
Mathieu : – Ils le sont. Certains sont si doux que leur réalisation peut être répétée. Je dis ? Je ne dis pas ?

Les deux sujets demandent à dire, ils disent, ils n’écrivent pas, cet échange est une totale hallucination écrite, je te parle, je te dis alors que je t’écris, de plus, je favorise l’appel à l’imaginaire, à des figures autour de fantasmes sexuels. Ils alternent tutoiement et vouvoiement. Mathieu confie que, dans un rapport de séduction, il aime vouvoyer son interlocutrice. Cela lui donne l’impression qu’elle est à la fois accessible et inaccessible et renforce l’incertitude qui l’excite.

Aussi, l’éducation sentimentale se déploie via les réseaux sociaux par un cheminement, en se trompant, en tâtonnant dans la relation un peu comme dans la vraie vie. Les phrases échangées progressent en termes d’intensité au rythme des échanges et de leurs contenus. Mona Chollet écrit que l’amour dans notre société est marqué par « la frilosité et le manque d’imagination, mais aussi, à l’autre extrême, par une certaine complaisance pour l’échec, la tragédie, la mort26 ». La peur de l’échec amène à la non-perspective d’une rencontre, Chloé, âgée de quatorze ans, l’exprime clairement, « j’entretiens des échanges via Instagram avec un garçon de mon âge, j’ai vu une de ses photos, je l’ai trouvé beau, je me suis abonnée à lui et en retour il a fait de même avec mon compte, nous nous parlons et on s’envoie des photos, parfois on parle de choses intimes, de notre rapport au corps, le sien et celui de l’autre, je m’intéresse plus à la personne qu’à son sexe, lui aussi, on s’entend bien, on s’écrit tous les jours, je n’ai pas envie de le rencontrer pour l’instant, j’ai peur de le rencontrer pour de vrai alors qu’on s’est déjà vus en appels vidéos, ça me plaît de faire durer la relation comme ça, à distance, on verra plus tard vers quoi cela nous mènera… ». Chloé apprend à échanger avec une autre personne de sa génération, ils parlent de leurs désirs et de leur sexualité, de pansexualité, de leurs expériences, ils apprennent l’un de l’autre, se reconnaissent l’un et l’autre et sans vraiment en avoir conscience, ils entretiennent une relation sentimentale avec des émotions caractéristiques, « si je n’ai pas de ses nouvelles, cela m’inquiète (l’angoisse), je pense à lui faire des photos de ce que je vois pour lui montrer comme ça, j’ai l’impression d’être avec lui (le manque) ». « Derrière leurs écrans d’ordinateur, les personnes sont suspendues à la tyrannie de leurs émotions. Ces émotions jouent un rôle essentiel dans la rencontre […]. Mais quel type d’émotion dégage un individu qui rencontre pour la première fois un autre individu en face à face, et qui sait que la décision de la poursuite de cette rencontre va dépendre de cette unique épreuve ? Du stress ? De l’anxiété ? Ces émotions ne sont pas les plus propices à l’émergence de la séduction qui, comme nous l’avons dit, relève d’une forme d’idéalisation de l’autre27 ». Il en résulte, que pour Chloé et tant d’autres, il est plus facile d’entretenir une relation à distance favorisée par l’essor des messageries des réseaux sociaux. Il s’agit d’un espace, d’un environnement où se met en place une alliance comme un pacte de travail avec le respect de règles à la fois tacites et implicites qui s’acquièrent empiriquement, il s’agit des codes de communication écrite sur les réseaux sociaux, phrases courtes, textes plus ou moins longs, fragmentés, ton direct.

Louise : – Pourquoi n’est-ce pas raisonnable ?
Amine : – Vous voulez me séduire…
Louise : – Vous ne l’êtes pas déjà ?
Amine : [Rire.]
Louise : – Je me fiche de ce qui est raisonnable ou pas. Raisonnable ne fait pas partie de mon paradigme.
Amine : – Quelle est votre envie, tout de suite maintenant ?
Louise : – Certainement la même que la vôtre
Amine : – C’est-à-dire ? [Sourire.]
Louise : – Toi.
Amine : – Mais encore ?
Louise : – Quelle est votre envie à vous ?
Amine : – Non. Votre envie à vous ?
Louise : – Là tout de suite ? Être avec vous, auprès de vous, vous faire partager mes multiples et inépuisables talents, vous faire plaisir.
Amine : – Soyez plus claire.
Louise : – De la même façon que mes photos ne remontent pas le long de mes jambes (imaginez avec vos mains, votre bouche, votre langue), je suis dans l’incapacité de décrire explicitement ce que nous pourrions faire…
Amine : – Vous avez raison. Ne soyons pas déraisonnables. Je vais dormir.
Louise : – Frustration. Je préfère le frisson, faites-moi frissonner…
Amine : – Disons nous bonne nuit.
Louise : – Ne ressentez-vous pas comme une distorsion entre votre discours et le reste ? Dites-moi ce qui vous empêche. Cela peut être un tas de choses, il y a une multitude de plans possibles autres qu’un plan cul : un plan vie, un plan ivresse, un plan poésie, un plan vitesse, un plan céleste, un plan plaisir, un plan dangereux, un plan inattendu, un plan salvateur, un plan désespéré, un plan déraisonnable, un plan inconnu, un plan euphorique, un plan intimidant, un plan audacieux, un plan imprévisible, voilà ce qui semble être apparu soudain...

Notons dans l’échange qui précède la présence, comme dans un texte théâtral, des didascalies « Rire », « Sourire » : Louise et Amine expliquent que c’est leur choix car leurs téléphones portables permettent l’utilisation d’émoticônes. Les sujets l’ont décidé, sans en discuter au préalable par mimétisme ou au travers d’un code implicite, l’un a commencé à écrire ses émotions, l’autre a continué de même pour partager l’expression non verbale, rendre l’interaction humaine et mettre celle-ci en scène. Pierre Halté définit l’émoticône comme un « signe graphique “ressemblant” à une émotion ». Il ajoute qu’une émoticône traduit presque toujours l’émotion du locuteur (l’instance qui porte le discours) et, de fait, accompagne un énoncé. Une émoticône peut être le vecteur de plusieurs significations, donc de représentations et d’interprétations. Les émoticônes servent principalement à modaliser le discours, c’est-à-dire à communiquer les émotions ou les sensations du locuteur car, dans une discussion médiatisée par les outils de communication numériques, l’absence physique des interlocuteurs limite la portée émotionnelle des énoncés. Selon Halté, la modélisation a trois visées. Dans une conversation, elle apporte des précisions supplémentaires concernant : le sens d’un énoncé (visée de contenu), la relation que les interlocuteurs entretiennent (visée pragmatique), la manière dont le message a été formulé (visée énonciative)28. Espace matériel ou immatériel, l’amour c’est sérieux, on ne badine pas avec l’amour et pour cela il vaut mieux rester raisonnable ou apprendre à surmonter ses inquiétudes, à prendre sur soi et s’adapter, à faire un choix, poursuivre ou pas, se rencontrer ou pas, se préparer à tous les plans possibles ou en définir les limites.

Conclusion

Stan : – Je ne dirais pas que cette nuit j’ai eu un moment de faiblesse… Non. J’ai fini par céder à vos menées, à entrer dans votre jeu, à y prendre plaisir. J’ai eu tort.
Vous avez envoyé : – Comment allons-nous faire ?
Stan : – À quoi pensez-vous ?
Vous avez envoyé : – À la même chose que vous : un café.
Stan : [Rires.] Si vous pouviez avoir ce que vous voulez, ce serait quoi ?
Vous avez envoyé : – J’ai envie d’être près de vous et d’étirer le temps. Une tendre nuit, une promenade, oui promenez moi dans les rues à Paris, je vous rendrai fou, je pense que j’essaierai de vous embrasser dans le cou mais soyons raisonnables : prenons un café.
Stan : – J’en ai envie. Mais vous m’effrayez un peu.
Vous avez envoyé : – Je ne crois pas être effrayante.
Stan : – J’ai facilement peur.
Vous avez envoyé : – Arrêtez de vous moquer de moi !
Stan : – Je ne me moque pas.
Vous avez envoyé : – Peur de moi ou de vous ?
Stan : – Des deux.

Comment expliquer que mes sens s’affolent lorsque j’écris à la personne aimée et lorsque je lis ses mots ? Pourquoi y a-t-il cet entrecroisement du réel, du symbolique et de l’imaginaire dans nos échanges ? Rappelons que le langage, comme outil de communication, est réducteur par rapport à la pensée qu’il représente mais, en même temps, les mots suggèrent toujours plus que la pensée qui les a fait naître, déclenchant chez ceux qui l’écoutent une infinité de représentations et de figures possibles29. Heitor O’Dwyer de Macedo30 apporte un éclairage intéressant en rappelant que Freud a défini la santé psychique comme l’aptitude à aimer et à travailler, l’amour étant l’accueil enthousiaste de l’avènement de la présence. Présence du réel du monde, présence réelle au réel du monde. Présence réelle de l’autre, présence réelle au réel de l’autre31. Aimer, c’est désirer et aimer, c’est penser. Je t’aime, je te désire, je pense, l’amour est donc comme un éclaireur qui amène l’être à la pointe de ses propres régions inconnues32, aimer est une expérience qui produit un effet éducatif en termes de connaissance de soi et de l’autre : « La langue avec laquelle l’amoureux s’exprime est en permanence remplie par les bouts du réel qu’elle désigne : j’aime l’odeur de ton corps, j’aime tes bras, j’aime ton ventre33… », à l’instar de l’extrait des paroles d’une chanson de Philippe Katerine34 qui établit l’inventaire des organes objets de l’amour :

J’aime aussi ta langue
Ton cerveau tes sinus
Ta glande thyroïdale
Et ton œsophage...

Heitor O’Dwyer de Macedo nous permet d’affiner notre théorie de l’hallucination écrite et de conscientiser que j’apprends de ce que cette expérience produit en moi, celle où j’éprouve de l’amour et du désir pour une personne avec laquelle j’échange à distance. Amour et désir qui me plongent dans l’extase qui renvoie au mystique et au « besoin d’halluciner l’existence de l’être aimé » où cet état de rêve, de magie amoureuse, se manifeste par les écrits et les images reçus. Cependant, ce sentiment reste toujours cadré par la conscience de son absence dans la réalité, ce qui favoriserait, comme le ressent le sujet Stan, un mélange paradoxal de joie avec de la fausse reconnaissance35.

Notes

1 Jean-Étienne Esquirol, 1817, « Des Hallucinations », in Des maladies mentales considérées sous les rapports médical, hygiénique et médico-légal, vol. II, Paris, Jean-Baptiste Baillière.

2 Roland Barthes, 1977, Fragments d’un discours amoureux, Paris, Points Essais.

3 Ibid., p. 10.

4 Gustave Flaubert, 1972, L’Éducation sentimentale, Paris, Le Livre de Poche.

5 Harold Garfinkel, 2020, Recherches en ethnométhodologie, Presses universitaires de France.

6 Jacqueline Signorini, 1985, « La double révolution copernicienne des Studies », Pratiques de formation/Analyses, n° 11-12, p. 27, [http://vadeker.net/corpus/pfem/1-3_revolutions.html].

7 Roland Barthes, 1977, Fragments d’un discours amoureux, op. cit., p. 12.

8 Monique Lauret, 2017, « L’hallucination verbale », La Clinique lacanienne, n° 30, p. 91, [https://doi.org/10.3917/cla.030.0091].

9 Jacques Lacan, 1981, Le Séminaire, livre III (Les psychoses), Paris, Seuil.

10 Sigmund Freud, 1894, « Les psychonévroses de défense », Névrose, psychose et perversion, Paris, Presses universitaires de France.

11 Solal Rabinovitch, 1999, Les Voix, Toulouse, Érès.

12 Monique Lauret, 2017, « L’hallucination verbale », op. cit., p. 92.

13 Johann Wolfgang von Goethe, 1973, Les Souffrances du jeune Werther, Paris, Folio.

14 Pascal Rambert, 2017, Clôture de l’amour, Paris, Les Solitaires Intempestifs.

15 Ibid., p. 85.

16 Frédéric Pellion, 2005, « Six notes à propos de l’hallucination verbale selon Jacques Lacan : un cas du dialogue psychanalyse/psychiatrie », Cliniques méditerranéennes, n° 71, p. 284, [https://doi.org/10.3917/cm.071.0283].

17 Ibid., p. 285.

18 Jacques Lacan, 1981, Le Séminaire, Livre III, Les psychoses, op. cit., p. 62-63.

19 Roland Barthes, 1977, Fragments d’un discours amoureux, op. cit., p. 13.

20 Tina M. Campt,2017, Listening to Images, Durham, Duke University Press.

21 Rémi Hess, Sandrine Deulceux, 2009, « Sur la théorie des moments. Explorer le possible », Chimères, n° 71, p. 13-26, [https://doi.org/10.3917/chime.071.0013].

22 Jean Baudrillard, 2001, « Jeux », Les Cahiers de médiologie, n° 12, p. 47-53, [10.3917/cdm.012.0047].

23 Platon, 2016, Le Banquet, Paris, Flammarion.

24 Catherine Colliot-Thélène, 2001, Études wébériennes. Rationalités, histoires, droits, Paris, Presses universitaires de France.

25 Arthur Rimbaud, 1999, « Une saison en enfer », Illuminations, Paris, Folio.

26 Mona Chollet, 2021, Réinventer l’amour, Paris, Zones.

27 Emmanuel Kessous, 2011, « L’amour en projet. Internet et les conventions de la rencontre amoureuse », Réseaux, n° 166, p. 191-223, [https://doi.org/10.3917/res.166.0191].

28 Laurène Beccucci, 2018, « Pierre Halté, Les Émoticônes et les interjections dans le tchat », recension, Communication & Organisation, n° 54, p. 253-255, [https://doi.org/10.4000/communicationorganisation.7280].

29 Jean-François Dortier, 2012, L’Homme, cet étrange animal, Paris, Éditions Sciences Humaines.

30 Heitor O’Dwyer de Macedo, 2005, « L’amour véritable », Topique, n° 90, p. 57, [https://doi.org/10.3917/top.090.0057].

31 Sigmund Freud, 1969, « Contributions à la psychologie de la vie amoureuse, un type particulier de choix d’objet chez l’homme », La Vie sexuelle, Paris, Presses universitaires de France.

32 Heitor O’Dwyer de Macedo, 2005, « L’amour véritable », op. cit., p. 59.

33 Ibid., p. 60.

34 Philippe Katerine et Jeanne Balibar, 2010, « J’aime tes fesses », album Philippe Katerine, Paris, Barclay, [https://www.youtube.com/watch?v=8XsH_W9TDfg].

35 Heitor O’Dwyer de Macedo, 2005, « L’amour véritable », Topique, n° 90, p. 62, [https://doi.org/10.3917/top.090.0057].

References

Electronic reference

Vanessa Paunovitch, « L’éducation sentimentale par la topique des messageries des réseaux sociaux, ou un apprentissage habité d’hallucinations écrites », Pratiques de formation/Analyses [Online], 69 | 2024, Online since 30 September 2024, connection on 18 October 2024. URL : https://www.pratiquesdeformation.fr/730

Author

Vanessa Paunovitch

Vanessa Paunovitch est titulaire d’un master en sciences humaines et sociales qui lui a permis de s’intéresser aux processus d’éducation tout au long de la vie ; elle exerce en tant que professeure des écoles en Seine-Saint-Denis et porte une approche réflexive et auto-formative sur sa pratique professionnelle. Elle s’intéresse aux formes de langage sur les réseaux sociaux et à leur portée sur la construction de soi et sur le rapport à l’altérité.